Des prisonniers et une petite fille
Une guerre peut faire des déchirures humaines ou peut resserrer les liens entre les hommes et les femmes voir même des enfants. L’histoire que vous vous apprêtez à lire parle de solidarité entre une petite fille et des prisonniers en temps de guerre, notamment celle qui a fait le plus de ravages, la Seconde Guerre mondiale, pendant l’occupation allemande en particulier. La plupart des familles sont des réfugiés qui avaient dû quitter leur région pour la Vienne, parmi ces familles une femme se souvient, il y a soixante dix ans aujourd’hui. Nous venons de rentrer de la Vienne, un an après notre départ. Mon père après sa libération d’un camp de prisonnier de guerre, repris son poste de mineur de fond à Saint-Fontaine. Ma mère travaille dans les champs pour la plantation de choux et de pomme de terre. Quant à nous, enfants du village, nous reprîmes le chemin de l’école pour des cours d’allemand bien évidemment. Un jour, je vis arriver les soldats allemands entourant des hommes mal vêtu et sales. Ces derniers furent mis dans des baraques, qui étaient entourées de grillage, des barbelés, un immense portail et des tours où des soldats étaient en position. De quoi vous donner la chair de poule… Je me suis avancée vers l‘un des soldats en lui demandant qui étaient ces hommes. Le soldat me pris par la main et me dit « Ce sont des soldats prisonniers russes qui vont travailler dans nos mines. Mais ne reste pas là ; Cet endroit est interdit aux civils ! » Je repartis alors aussitôt chez moi afin de retourner à mes occupations quotidiennes. Mais tous les jours, je passais devant ce camp rien que pour voir ces soldats qui m’intriguaient tellement. Plus les jours passaient et plus je m’approchais d’eux, une peur me submergeait de plus en plus, j’en étais presque paralysée. Quant aux soldats cela faisait un moment qu’ils étaient habitués à ma présence perpétuelle. Au fur et à mesure du temps je me rendis vite compte que ces hommes ne mangeaient point à leur faim. Après avoir découvert cette triste nouvelle je décidai alors de rentrai à toute vitesse afin d’en parler à ma mère : « _ Maman ! Maman ! _ Qu’est ce qu’il se passe ? _ Est-ce que nous avons des restes de repas ?! _ Oh ! Tu sais ma petite avec toutes ces restrictions alimentaires, il nous reste tout juste pour nous nourrir… Pourquoi donc ? _ Rien, ne t’en fais pas.»
Attristée d’être impuissante face à ces pauvres hommes souffrant d’une famine non voulu, je me promenai seule à côté de ses champs où l’on cultivait des pommes de terre. Je me rendis compte que la plupart des adultes oubliés souvent des pommes de terre, alors déterminée j’allai ramasser ces restes et les mirent dans mon tablier afin de les ramener à ces hommes. En arrivant aux camps je devais être plus prudente que jamais à cause des soldats allemands, qui montaient la garde de jour comme de nuit. Je me faufilé discrètement jusqu’au grillage et alors jetai toutes les pommes de terre aux prisonniers qui avec un sourire me remercier. Je recommençais cette opération à chaque fois que je le pouvais en fessant attention de ne pas me faire remarquer par les soldats allemand. Ce que je n’avais pas vu c’est que les soldats allemands m’avaient déjà repéré plusieurs fois rendre ce service à ces pauvres hommes. Mais par geste d’humanité, les allemands tournaient le dos dès que j’arrivai avec cette nourriture tant attendue. Un beau jour, après avoir effectué ma mision quotidienne, je tombai nez à nez avec un soldat allemand qui me disa dans sa langue : « _ Bonjour ma petite ! Tu sais que je peux te punir toi ainsi que tes parents pour ce que tu fais ?! _ Mais… devant cet homme je ne savais plus quoi dire _ Ne panique pas autant. Me dit-il en souriant _ Vous savez je ne voulais pas de faire de mal… Juste faire une bonne action en ce temps de guerre. _ Nous pensons bien que c’était un geste de bonté, ces hommes ont de la chance que tu sois aussi courageuse ! D’ailleurs ils pensent à toi, et t’on même confectionné un petit cadeau qui je pense te fera très plaisir ! _ Un cadeau ?! Mais je peux quand même continuer à ramener de la nourriture ? _... »
Le soldat allemand ne me répondit plus et la un prisonnier du camp vînt à moi pour me remettre ce que lui et les autres prisonniers m’avaient confectionné, un sous plat pour déposer des gâteaux fait avec des ressors de lits. Je n’en revenais pas, moi, qui pourtant étais une simple petite fille. A ce moment même, je compris que le mot SOLIDARITE même en temps de guerre ne change pas, certains hommes de changent pas non plus et ne sont pas des machines de guerre sans cœur et ainsi respecte les autres, ils restent intègrent à eux même.
Un matin, je me levai et allai chercher aux champs quelques pommes de terre afin de nourrir les prisonniers. En arrivant, je découvris avec tristesse que le camp était désert… Plus un seul prisonnier, même pas un soldat pour me renseigner… Ils étaient tous partis, en laissant un énorme vide dans mon cœur. Mais je garde et garderai toujours ces sourires de joie qui autrefois avaient rempli mon cœur d’humanité et de fierté. Ce plat à gateau qui m’est si chers à traversait le temps, dès que je me servais de ce plat je retenais cette petite larme qui montait au bord de mes yeux. C’était un mélange de joie, de fierté et d’un peu de mélancolie. Soixante dix ans plus tard, je l’ai remis à mon fils et lui ai raconté cette histoire en espérant qu’elle vive encore à travers lui et ses enfants.
BIES Jean Jacques.
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Mise à jour le Lundi, 10 Avril 2017 07:01 |